À la confluence de racines africaines, d’une enfance en banlieue et de sa découverte des Hautes-Pyrénées, Ladji Diallo compose un bouquet qu’il décline en contes, concerts et autres spectacles…
Ladji Diallo, l’art des confluences et influences
On l’a écouté conteur lors du Festival Un conte en hiver. On l’a entendu musicien guitare à la main comme à L’Abbaye de L’Escaladieu il y a quelques années. Et les deux à la fois matinée de comédie des spectacles où il associe ses facettes pour embarquer le public comme l’année dernière au Petit Théâtre de la gare avec “Ma vallée : un truc de fou”. Mais c’est au-delà du département qu’il se produit le plus souvent. Même bien au-delà quand il raconte à plus de 5000 km dans “La légende du lac bleu” comment un jeune de banlieue parisienne découvre les Hautes-Pyrénées, en ouverture des 30 ans du Festival interculturel du conte de Montréal. Et une douzaine de spectacles qu’il joue un peu partout et qui lui valent des articles dans Le Monde et dans la presse régionale. Et même France-Inter lui a consacré une heure d’Interview avec Marie-Pierre Planchon qui le qualifie de “musicien sensible, doté d’un vrai talent de conteur”. Rencontre avec Ladji Diallo chez lui à Aspin-en-Lavedan, juste avant qu’il parte en tournée.
Est-ce que votre parcours est la source de votre identité ?
Mon parcours n’a pas été très linéaire. Oui je ne savais pas vraiment qui j’étais au départ, j’étais en quête de sens. J’ai eu des expériences qui n’étaient pas positives, mais qui m’ont amené à faire de belles rencontres. Je pense à un professeur de Français qui m’a donné des cours particuliers et qui m’a fait prendre conscience de la beauté des mots, de l’écriture. Des rencontres qui ont été des déclics et qui ont ouvert un champ en moi, m’ont amené à me révéler, à savoir qui j’étais et mes capacités. Ça m’a permis d’avoir une meilleure estime de moi-même et de pouvoir faire quelque chose de beau.
Les Hautes-Pyrénées ont été un déclic ?
Oui ça a été un super déclic. J’étais en région parisienne et je suis venu la première fois à 15 ou 16 ans quand mes parents m’ont envoyé ici en colonies de vacances. Ça a été une claque ! Un émerveillement de la beauté de la nature. Quand on est né à Paris, on n’a pas idée de ce que ça peut être la nature comme celle des Hautes-Pyrénées donc on est saisi par la majesté de la montagne et des gens. La beauté de la nature nous relie très profondément à nous-mêmes. Ça m’a vraiment nourri au fil des étés que j’ai passé ici et depuis que je me suis installé. C’est tout ça qui fait l’artiste que je suis aujourd’hui.
Conteur, comédien, musicien, écrivain. C’est toujours avec le même propos ?
Quels que soit les domaines où je me situe, je suis profondément animé de transmettre que la différence est une richesse. Mais les voies que j’utilise, sont singulières et elles parlent différemment. Elle touche différemment quand c’est du conte, de la musique du théâtre. Il y a une richesse quand tout est combiné comme je le fais avec mes spectacles, l’histoire est portée par ces différentes cordes que j’ai à mon arc.
Quelle est la place de vos expériences dans votre écriture ?
Elle est centrale, je m’inspire beaucoup de ma propre histoire. Du bagage culturel amené par mes parents qui sont nés et ont grandi au Mali avec la culture de l’oralité, la musique, la danse, la corporalité. Des codes de la banlieue parisienne ou j’ai grandi avec une culture urbaine. Et de la vingtaine d’année passée depuis que je vis en Hautes-Pyrénées. Il y a une pluralité de d’univers en moi qui construit mon imaginaire et mes spectacles sont nourris de tout ça.
Stéphane BOULARAND